il était une fois...

En 1854, le Néerlandais, Gustave Bock, l'un des premiers "laboureurs blancs" à exploiter une plantation, invente la bague de cigare. En effet, un jour il découvre que l'un de ses cigares a été remplacé par un autre de mauvaise qualité dans sa boite. Il décide alors, d'apposer sa marque sur une bande de papier pour différencier ses propres cigares des autres nombreuses marques sur le marché.

Rapidement tous les autres fabricants ont suivi son idée. Avant que la bague n'ai été inventée, les cigares étaient présentés en "fagot"de 50 cigares, sans bagues, généralement dans une boite de cèdre ("Sélection Cabinet") et entourés d'un ruban de soie.

La bague avant d'être en papier et à l'effigie d'une marque, était une bande de tissu rectangulaire qui enroulait le cigare. De ce fait, elle protégeait les doigts des fumeurs qui portaient des gants blancs pour l'occasion afin qu'ils ne se salissent pas. Ils portaient aussi un "Smoking jacquet", veste conçue spécialement pour les messieurs quand ils voulaient fumer et qu'ils retiraient dès qu'ils avaient fini.

Les premières bagues en papier apparaissent au départ rectangulaires (comme la bande de tissu), appelées "bandes" ou "bandelettes" par les collectionneurs.

Elles sont réalisées en lithographie polychrome, les couleurs utilisées sont le rouge, le vert, le bleu et l'or.

À la fin du XIX^e siècle, le cigare est considéré comme un objet de luxe. Certains amateurs se mettent à les collectionner. Cette passion prend le nom de « vitolphilie », de l'espagnol « vitola » (bague de cigare) et du grec « phili » (celui qui aime). La Belle Époque marque l'apogée de la bague.

Depuis plus de 180ans, elle se décline sous de multiples apparences, des plus ouvragées avec leur dorure aux plus simples. De multiples thèmes ont inspiré la création des bagues.
Parmi eux, ceux de la flore (la rose, le palmier notamment), de la faune (le lion, l'éléphant, le loup, le chien, le coq, le cheval, les oiseaux..), des portraits, des symboles héraldiques (armoiries et blason..)etc...
Les personnages célèbres ornent fréquemment les bagues de cigare, comme :
le poète Stéphane Mallarmé, les compositeurs Mozart et Bach, les grands peintres Van Eyck, Rubens ou Rembrandt, la reine d'Angleterre Victoria...

> Un collectionneur voulant acquérir à Bruxelles "la série des ballerines" dont les modèles n'avaient plus leur talon, dit : "Elles n'ont plus leur talons, elles ne peuvent plus danser".

> Le romancier américain Ernest Hemingway qui accommodait ses cigares en fonction des mojitos qu'il buvait, avait fait parvenir à l'actrice Ava Gardner une bague en souvenir de leur première rencontre.

C'est l'opération qui consiste à mettre la bague sur le cigare. Elle précède le conditionnement en boite. Elle est réalisée à la main. Les bagues sont fixées par un léger point de colle végétale déposée avec délicatesse sur l'annulaire de l'ouvrier. C'est un travail délicat et minutieux, la bague doit être placée sur le corps du cigare en évitant que la colle ne déborde.

Elle habille le cigare et le rend élégant. Elle est un témoin de notre époque, nos événements, notre histoire. Certaines sont de véritables œuvres d'art. Elle peut être rare et précieuse, belle, drôle, ludique, simple, baroque, et très créative. Elle conte et raconte...